Benjamin Von Wong : ART-ivisme monumental

Du 7 octobre au 19 novembre, le Centre Culturel Canadien présente une œuvre inédite de Benjamin Von Wong, artiste activiste originaire de Toronto. #TurnOffThePlasticTap offre une métaphore spectaculaire sur notre monde noyé par le plastique. Retour sur le travail d'un artiste qui se sert du grandiose pour sensibiliser.

Comment ne pas se sentir concerné par la pollution plastique océanique quand son pays compte la plus grande longueur de côtes au monde avec 202 080 km de littoral ? C’est autour de cette thématique que le Centre Culturel Canadien a souhaité travailler pour la ré-ouverture de sa galerie. Alors que les Canadiens jettent plus de 3 millions de tonnes de déchets chaque année, l’ambassade a fait vœu de participer à l’éveil des consciences sur notre consommation du plastique à usage unique en commissionnant auprès de Benjamin Von Wong une œuvre de portée internationale.  

L’artiste, originaire de Toronto, a gagné une reconnaissance internationale, tant dans le milieu de l’art contemporain que dans l’oeil du public sur Instagram, grâce à ses œuvres monumentales constituées de déchets plastiques.  
Son art démesuré nous confronte à l’ampleur de la pollution plastique. Conçue comme une œuvre qui se prolonge grâce à l’interprétation d’autres artistes et du public, #TurnOffThePlasticTap porte en elle un message symbolique fort : une injonction à fermer ce robinet dont le flux de détritus de plastique nous noie. 

Benjamin Von Wong, #TurnOffThePlasticTap, Plastic Playground, 2021 ©VonWong Production

#TurnOffThePlasticTap

La consommation de plastique à usage unique a augmenté de 250 à 300 % pendant la pandémie. C’est sur ce constat alarmant que s’ouvre “Turn Off The Plastic Tap”, l’oeuvre d’art monumentale de Benjamin Von Wong.
Au cœur du Centre Culturel du Canada à Paris, ce robinet gigantesque suspendu crache un flot de déchets plastiques collectés par Benjamin Von Wong et son équipe.  

#TurnOffThePlasticTap s’inscrit dans l’époque : elle a été imaginée pour faire vivre le message dans le monde entier et sur les réseaux sociaux, aussi bien “Open source” qu’“Instagrammable”. 
Benjamin Von Wong invite les artistes du monde entier à “remixer” son œuvre, et le public à se saisir de l’oeuvre et à lui donner de l’ampleur sur les réseaux avec le hashtag #TurnOffThePlasticTap.

A vous de vous emparer du message!

Benjamin Von Wong, #TurnOffThePlasticTap, Plastic Beach, 2021 ©VonWong Production

Benjamin Von Wong :

Il y a 10 ans, l’ingénieur quittait son travail à la recherche d’une activité qui lui permettrait de voyager et d’enchaîner les rencontres inspirantes. Il s’est ainsi tourné vers la photographie, et en a fait son métier. Il travaille aujourd’hui dans la création d’oeuvres spectaculaires qui ont pour but d’éveiller les consciences et de faire changer le monde. La thématique du plastique, centrale dans ses installations, est présentée comme une masse qui étouffe notre planète, et contre laquelle nous devons nous battre. 

“On ne naît pas activiste. Le problème est que beaucoup de personnes voient le monde sans vraiment le regarder. Mais si on ouvre les yeux, et creuse à la recherche de faits et de solutions, c'est ainsi que l'on peut vraiment comprendre un problème et se battre pour le résoudre. ”

Pour Benjamin Von Wong, l’art porte la responsabilité de passer au-dessus des grands discours et de montrer des faits. L’art est un moyen d’ouvrir les débats et de commencer des discussions, que ce soit avec des personnes déjà sensibilisées ou non. 

« L’art est unique et non prescriptif : il ne dicte pas la conduite que l’on doit adopter, mais expose des faits pour ouvrir le débat et faire appel à votre conscience.  Un artiste peut aider les gens à changer de perspectives, à voir le monde différemment et à penser aux choses de manière différente, et j’espère que mon travail contribue à cela. »

Quand on lui demande à qui s’adressent ses oeuvres, l’artiste de Toronto n’hésite pas : c’est la nouvelle génération qui a besoin d’être inspirée pour créer le changement.
C’est elle qui devra faire face aux conséquences de notre société actuelle, et pour les affronter, l’inspiration et la motivation sont nécessaires.  

Pour toucher cette nouvelle génération, Benjamin construit ses œuvres pour qu’elle s’inscrivent dans nos nouveaux modes d’échange, avec toujours en tête l’idée que son travail doit pouvoir être assez choc pour pouvoir être partagé, notamment sur les réseaux sociaux, assez inspirant et significatif pour pouvoir être intéressant et faire passer les bons messages. 

Benjamin Von Wong, #TurnOffThePlasticTap, 2021 ©VonWong Production
Benjamin Von Wong, #TurnOffThePlasticTap, 2021 ©VonWong Production

Et pour cela, trois phases de créations sont nécessaires. 

  • Le design: Comprendre sa thématique pour la faire vivre est un réel enjeu qui demande un énorme travail de préparation qui mêlent brainstorming, discussions et échanges. Quand tout est en place et que les idées sont claires, la deuxième phase peut alors commencer. 
  • Le prototype : c’est transformer une idée en une installation; Quelles sont les concessions ou les changements nécessaires à faire pour que le concept devienne une réalité, et pour que le puzzle prenne forme ? 
  • L’exécution : c’est la construction propre de l’oeuvre, de son installation à sa promotion, pour que l’oeuvre ait l’impact souhaité sur le monde.  

Ainsi, une seule oeuvre peut nécessiter plusieurs mois de travail intense. 

« Le but n’est pas juste de créer une oeuvre d’art. Le but est de créer une oeuvre propice à la réflexion et qui pourra vraiment faire la différence. » 

Cette réflexion prend place en France à l’initiative de l’Ambassade du Canada à Paris. Celle-ci s’est associée à l’artiste pour la réalisation de #TurnOffThePlasticTap.  
L’œuvre spectaculaire, à l’instar de ses projets précédents, ne pointe pas un objet, mais bien la problématique de la pollution plastique dans son ensemble. 
 
Quand je réalise une exposition, j’espère pouvoir raconter une histoire qui parle aux gens et qui les pousse à agir ou à repenser les conséquences de leurs actes quand ils rentrent chez eux”. 

Collaborer ainsi avec des institutions ou des marques est pour Benjamin un moyen de toucher un maximum d’individus mais aussi de résoudre le problème à la source. Travailler avec des grandes entreprises lui permet d’exposer son point de vue, de sensibiliser les acteurs principaux de la pollution plastique, et d’initier un premier pas vers une transition écologique bénéfique.  

Nous avons besoin de voir plus de marques entrer dans une approche de production éco-responsable, et de voir plus d’entreprise engagées émerger, pour que le problème soit compris et résolu de l’intérieur. Et j’espère, en travaillant avec ces acteurs, pouvoir accélérer et faire partie de cette transition. 

Car une transition est nécessaire. Pour l’artiste, mettre en place des restrictions n’est pas suffisant, dans une ère où, malgré une réelle prise de conscience citoyenne sur la pollution plastique, la production de plastique n’a jamais été aussi grande. Dans une ère où le confort et la consommation semblent indétrônables.  

Benjamin Von Wong espère aujourd’hui pouvoir créer son propre studio créatif afin de produire plus et de se concentrer sur les solutions, plus que sur les problèmes.  

Le monde a besoin d’espoir et j’ai envie que mes travaux futurs mettent en lumière les actions positives : montrer des innovations incroyables ou des approches et horizons différents.  

Retrouvez l’exposition de Benjamin Von Wong du 7 octobre au 19 novembre à l’Ambassade du Canada en France, dans la galerie du Centre culturel canadien, 130 Rue du Faubourg Saint Honoré, 75008 Paris – Entrée Gratuite 

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