Notre planète tout entière, victime de la « Ultra-Fast Fashion » –

Aujourd’hui, une nouvelle éclosion de marques en ligne fait tourner la tête de la génération Z : ces plate-formes de commerce doivent leur succès à leurs prix cassés et leurs cycles de production accélérés. Vendre plus au détriment de la qualité pour générer un maximum d’achats d’impulsion : ce phénomène c’est la #UltraFastFashion.

Cet engouement a un lourd prix éthique et environnemental. Pollution, violation des droits humains, obsolescence programmée des produits sont autant de problématiques que soulève ce nouveau modèle économique.

Tour d’horizon des conséquences de la Ultra-Fast Fashion, et des solutions à notre portée pour la contourner.

 

L’industrie de la mode, un pas en avant, trois pas en arrière…

Depuis quelques années, la pollution produite par l’industrie de la mode est devenue une question centrale. Collaborations, collections spéciales, l’écologie s’invite même désormais à la Fashion Week où certaines maisons préfèrent réduire le nombre de collections annuelles ou optent pour des matières éco-responsables.

Pourtant, alors qu’il devient de plus en plus évident que notre garde-robe doit aussi s’adapter à l’urgence écologique, un nouveau phénomène fait son apparition. Appelé l’ultra-fast fashion, ce nouveau modèle cible principalement la nouvelle génération sur les réseaux sociaux. Son credo: proposer une large gamme de produits à très bas prix. Pour répondre à la demande en pleine expansion des consommateurs, ces sites recourent de plus en plus à des matières dangereuses pour l’environnement comme le polyester par exemple, un dérivé du pétrole. Au lavage, des microfibres plastiques qui composent ces vêtements se trouvent relâchées dans les océans. Cette pollution invisible perturbe les organismes et animaux marins qui ingèrent des particules de plastique et contamine la chaîne alimentaire. Selon l’ADEME, chaque année l’équivalent de 50 milliards de bouteilles plastiques est ainsi rejeté en mer.  

Au niveau mondial, la production de vêtements a doublé au cours des 15 dernières années : nous en produisons 100 milliards par an.

 

The SeaCleaners - La Fast fashion - L’industrie de la mode, deuxième industrie la plus polluante de la planète

Quand l’économie prime sur le climat

Plus question de boutiques physiques, l’important ce sont les économies. Largement propulsées par l’explosion des réseaux sociaux, ces industries manient avec brio les codes de l’achat en ligne. Dans un cyber-univers visuel où l’apparence et les tendances sont reines, ces marques n’hésitent pas à exploiter les données des utilisateurs afin d’inonder le web de publicités ciblés, ou à faire appel aux figures influentes des réseaux pour promouvoir leurs produits. À coup de réductions, tout est fait pour faciliter l’expérience utilisateur et lui permettre d’acheter en plus grande quantité et plus facilement. S’il est impossible d’essayer avant achat, les retours sont cependant gratuits, ce qui laisse une trace évidente sur la planète.Au départ de Chine, d’Asie du Sud ou d’Europe de l’Est, le trajet constitue un pan majeur de la pollution de l’ultra-fast fashion. L’empreinte carbone du secteur de la mode est estimée à 1,2 milliard de tonnes de CO2, soit environ 2 % des émissions de gaz à effet de de serre mondiales. Si les tendances d’achat se poursuivent ainsi, cette part atteindra 26 % en 2050. Une robe ou une paire de jeans peut parcourir jusqu’à 65 000 km avant d’arriver sur son lieu de vente. Lorsque l’on sait qu’une marque de e-commerce peut renouveler ses modèles tous les jours, on vous laisse faire le calcul…  

The SeaCleaners - La Fast fashion - L’industrie de la mode, deuxième industrie la plus polluante de la planète

Au-delà d’un impact écologique, un impact sur les droits humains  

En plus des conséquences désastreuses sur le climat, l’ultra-fast fashion c’est aussi l’exploitation des travailleurs. Si l’achat de vêtements tient désormais pour beaucoup d’entre nous du loisir à part entière, notamment grâce à Internet et aux réseaux sociaux, il y a derrière cela un environnement pas aussi rose que ce que les publicités des marques affichent. En Grande-Bretagne par exemple, ces vêtements sont fabriqués dans des ateliers insalubres par des ouvriers payés la moitié du salaire minimum. On l’imagine bien, une robe à 12 euros ou un t-shirt à 9 euros, ne permettent pas de rémunérer convenablement toute une chaîne de production. Santé des cultivateurs, conditions de travail et salaire sont impactés par l’industrie de la fast fashion. Au Bangladesh, les ouvrières sont payées 0,32 dollars de l’heure (le plus faible taux horaire du monde) et au Pakistan 0,55 dollars de l’heure. Ce genre d’“avantages compétitifs” pour les grosses entreprises de cette industrie, s’apparente en réalité à des formes d’exploitation.  

“Aujourd'hui, vous pouvez, en restant chez vous, commander des vêtements quasiment sans vous en rendre compte et très rapidement via les différentes plates-formes ou les réseaux sociaux. Comme les vêtements sont moins chers, leur quantité vendue chaque année a explosé. Les filières de recyclage sont littéralement étouffées par la masse de textile à gérer””

Edouard Perrin Journaliste

Nos actes ont un impact

C’est aujourd’hui à la fois aux consommateurs et aux acteurs de l’industrie textile de lutter pour un monde plus sain et une mode plus responsable. Aujourd’hui, les deux camps réclament une régulation pour faire face à la montée de l’ultra-fast fashion, avec la mise en place d’eco-taxes ou de recompenses pour les marques vertueuses pour l’environnement.  Quant aux consommateurs, de nouvelles études viennent mettre en lumière la volonté d’être plus renseignés lors d’un achat, sur la provenance et la composition des produits.

Quelles solutions pour une mode plus éthique ? 

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