Le Programme des Nations-Unies pour l’environnement a publié un état des lieux exhaustif de la pollution plastique et des déchets marins intitulé “De la pollution à la solution : une évaluation mondiale des déchets marins et de la pollution plastique”.

Date de publication 13 décembre 2021

Auteurs UNEP

Sources From pollution to solution - a global assessment of marine litter and plastic pollution

DOILink https://www.unep.org/resources/pollution-solution-global-assessment-marine-litter-and-plastic-pollution

Résumé

Le Programme des Nations-Unies pour l’environnement a publié un état des lieux exhaustif de la pollution plastique et des déchets marins intitulé “De la pollution à la solution : une évaluation mondiale des déchets marins et de la pollution plastique”.

Cette étude a pour but de fournir une mise à jour complète des données et recherches actuelles, d’identifier les lacunes dans les connaissances et conclut sur une recommandation de stratégies globales pour lutter contre la pollution plastique.  

Ce rapport est d’autant plus important qu’il viendra éclairer l’adoption de mesures prioritaires lors de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement en 2022. À cette occasion, les pays-membres se réuniront pour fixer le cap de la coopération mondiale en matière de lutte contre la pollution plastique. 

En qualité de membre du groupe de travail sur le UN Global Treaty on Plastic Pollution, The SeaCleaners décrypte pour vous les points-clés du rapport, ainsi que les 8 pistes de l’UNEP pour endiguer la pollution plastique des océans.

Cette évaluation fournit l’argument scientifique le plus solide à ce jour pour souligner l’urgence d’agir, et pour la mise en œuvre de mesures collectives visant à protéger et restaurer nos océans de la source à la mer.
Inger Andersen

50 kilogrammes de plastique par mètre de littoral dans le monde en 2040 : une mise à jour des chiffres de la pollution plastique 

Le plastique est partout, sa présence a été détecté partout, depuis les profondeurs de la fosse des Mariannes jusqu’au sommet de l’Everest.
Aujourd’hui le plastique représente la fraction la plus importante, nuisible et persistante de la pollution marine, soit au moins 85 % de la totalité des déchets marins.

Pourtant, si nous ne changeons rien, la pollution plastique telle que nous l’expérimentons aujourd’hui est un phénomène qui ne fait que commencer. 

En 2019, la production de plastique a poursuivi sa croissance pour atteindre les 368 millions de tonnes, soit l’équivalent du poids de l’humanité. A ce rythme, le volume de production dépassera le milliard de tonnes (1 ,100 millions) par an en 2050.   

Le rapport du PNUE oppose aux volumes faramineux de la production plastique la réalité d’une filière du recyclage qui peine à suivre cette croissance : aujourd’hui moins de 10% du plastique produit est recyclé. 

Sans action urgente, les 11 millions de tonnes de plastique qui entrent actuellement dans l’océan chaque année tripleront au cours des vingt prochaines années.
Cela signifierait qu’entre 23 et 37 millions de tonnes de plastique se déverseraient dans l’océan chaque année d’ici 2040. 

Cela équivaut à 50 kilogrammes de plastique par mètre de littoral dans le monde. 

Les déchets plastiques représentent une menace sérieuse pour toute la vie marine, expose la santé humaine, tout en influençant également le climat.
  

Tortues, poissons, oiseaux, mammifères marins dont des espèces menacées comme les baleines noires de l’Atlantique Nord… On le sait, la biodiversité marine est la première victime de la pollution plastique. L’ensemble de la vie marine est exposé aux dangers de la pollution plastique : suffocation, mutilation, famine, mais aussi intoxication. Des morceaux de plastique ont été retrouvés dans le système digestif de nombreux organismes aquatiques, notamment dans toutes les espèces de tortues marines et dans près de la moitié des espèces d’oiseaux de mer et de mammifères marins recensées.
Ainsi, des morceaux de plastique ont été retrouvés dans le système digestif de nombreux organismes aquatiques, notamment dans toutes les espèces de tortues marines et dans près de la moitié des espèces d’oiseaux et de mammifères marins recensées.

Le rapport souligne également les risques pour les êtres humains : si on ne connaît pas encore toute l’ampleur de l’impact sur la santé humaine, il existe toutefois des preuves substantielles que les produits chimiques plastiques peuvent pénétrer le corps humain : des microplastiques ont été trouvés dans nos poumons, notre foie, notre rate et nos reins, ainsi que dans le placenta de nouveau-nés.
Des produits chimiques communément liés au plastique ont été associés à des perturbations endocriniennes, des troubles du développement, des anomalies de la reproduction et des cancers. 

Tout au long de son cycle de vie, le plastique perpétue le cercle vicieux des émissions de CO2, affectant le réchauffement climatique. Le plastique est un produit de la pétrochimie, et plus nous produisons de plastique, plus nous consommons de CO2. Entre sa production, sa dégradation en état naturel, son incinération ou son recyclage, il est estimé que le plastique représente 19% des émissions totales autorisées en vertu de l’accord de Paris en 2040 pour limiter le réchauffement à 1,5°C. 

La pollution plastique affecte gravement les écosystèmes qui absorbent ce CO2 et affaiblissent leur capacité à réguler le climat : l’océan se réchauffe, s’acidifie et se déséquilibre sur le plan chimique. Les mangroves, les herbiers marins, les schorres et les récifs de corail, soit les quatre écosystèmes côtiers qui stockent le plus de carbone et servent de barrières naturelles face à la montée des eaux et aux tempêtes, sont soumis à de fortes pressions dues à la pollution plastique d’origine terrestre, en raison de leur proximité avec les rivières et les fleuves.
 

Pas tous égaux devant la pollution plastique

Le PNUE pointe également du doigt un élément souvent ignoré de la pollution plastique : elle constitue une inégalité sociale, économique et sanitaire majeure. Et nous ne sommes pas tous égaux devant les effets de la pollution plastique.
Les pays plus riches produisent plus de déchets plastiques qui sont souvent envoyés dans les pays moins développés. Dans les pays en développement, les communautés locales n’ont pas les structures, ni les capacités de financement pour gérer le fardeau environnemental, sanitaire, social et culturel de la pollution plastique.  

La pollution plastique des côtes contribue à perpétuer ces inégalités en mettant en péril l’accès à l’eau potable, le contrôle des nuisibles et des maladies ainsi que des activités économiques telle que la pêche ou l’aquaculture, engendrant des pertes socio-économiques qui se chiffrent en milliards de dollars, essentiellement portés par les pays les plus vulnérables.

Selon le rapport, la pollution par les plastiques marins réduit les précieux services rendus par l’écosystème marin d’au moins 500 à 2 500 milliards de dollars par an, sans compter les autres pertes sociales et économiques sur les secteurs du tourisme et de la navigation. 

De plus, le rapport estime que, d’ici 2040, les déchets plastiques pourraient présenter un risque financier annuel de 100 milliards de dollars US pour les entreprises qui devront supporter les coûts de la gestion des déchets. 

Avis TSC

Alors que la quantité de plastique marin que nous devons prendre en charge est si importante qu’on peut difficilement se la représenter, la science nous montre que la plupart des solutions à mettre en place existent déjà.

Il n’existe pas de solution unique mais nous pouvons modifier la trajectoire des déchets plastiques réduisant notre consommation, en mettant en place des régulations, en accompagnement l’innovation et le développement d’infrastructures adaptées.  

Voici les 8 recommandations de l’UNEP :  

  • Améliorer et développer la présence de systèmes de gestion des déchets afin d’optimiser le recyclage
  •  Améliorer la circularité en faisant la promotion des pratiques de consommation et de production durables tout au long de la chaîne de valeur du plastique.
  • Mobiliser les consommateurs à l’appui de la lutte contre la pollution plastique en vue d’influencer le marché et d’inspirer des changements de comportement.
  • Eliminer progressivement les objets plastiques inutiles, évitables et les plus problématiques et en les remplaçant par d’autres matériaux, produits et services.
  • Gérer les conséquences au moyen d’un suivi efficace pour identifier les sources, les quantités et le sort des plastiques.
  • Améliorer et renforcer la gouvernance à tous les niveaux.
  • Développer les connaissances et suivre l’efficacité en faisant preuve de rigueur scientifique.
  • Accompagner le financement grâce à une assistance technique et à un renforcement des capacités. 

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