Comment polluer scientifiquement un Écosystème ?

SV16
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Date de publication 13 juillet 2020

Auteurs Minaev, А.N.; Zubova, O. V.; Kulik, D. M.; Siletskiy, V. V.; Lugovov, V. I. Lesnoy Zhurnal (Forestry Journal) (DocId: 3) 106–116.

Sources Application of Ash-Polymer Mixtures in the Construction of Forest Roads.

DOILink https://doi.org/10.37482/0536-1036-2020-3-106-116

Résumé

Résumé :

La construction de routes forestières est l’une des questions prioritaires de l’industrie forestière. Un réseau routier sous-développé ne permet pas l’utilisation de ressources en bois, situées trop loin des routes civiles en raison d’une rentabilité plus faible. L’expansion de l’infrastructure routière forestière permettra d’accroître la mobilité ainsi que la rentabilité de l’extraction des ressources. Ces routes coûtent cher. Cela est dû au prix élevé des matériaux de construction et de leur livraison sur de longues distances. L’un des derniers moyens de réduction des coûts envisagé est l’utilisation des déchets industriels. Une étude a été réalisée afin d’obtenir une couche de chaussée avec des propriétés physiques et mécaniques élevées pour un coût relativement faible. Le polyéthylène haute densité d’usage domestique est utilisé comme liant dans le mélange, et les cendres provenant de l’incinération des boues d’épuration sont utilisées comme remplissage. Le matériau est caractérisé par une résistance au gel élevée. L’étude a montré une innovation scientifique car les questions d’adhérence au polyéthylène avec diverses charges sont mal connues. Les polymères recyclés (polyéthylène écrasé, fraction 1,5-2,5 mm) ont été utilisés comme composant de formation de structures. Les cendres provenant de l’incinération des boues d’épuration obtenues à « Vodokanal of St. Petersburg » ont été utilisées comme matériau de remplissage. Selon les résultats des essais, le matériau composite obtenu peut être utilisé dans la construction de routes forestières, notamment pour renforcer la couche de chaussée dans la construction sur les sols faibles. Son utilisation dans la construction de routes forestières permettra d’élargir l’infrastructure des routes par la réduction des coûts. Les études du Département des transports industriels de l’Université technique forestière d’État de Saint-Pétersbourg montrent que les paramètres physiques et mécaniques élevés augmenteront la durée de vie des routes forestières et donc le temps entre les révisions. Ces aspects ont un effet positif sur la rentabilité de la construction de routes forestières.

Avis The SeaCleaners :

Cet article pourrait nous inciter à créer une nouvelle catégorie dans notre veille scientifique.
Nous pourrions l’appeler : Comment polluer plus efficacement la planète de manière scientifique ? En effet la simple lecture du résumé nous fait comprendre que l’exploitation des forêts serait beaucoup plus efficace si les routes d’accès coûtaient moins cher à fabriquer. On ne précise pas ici s’il s’agit de forêts gérées de manière durable. Les scientifiques qui ont contribué à réaliser cette étude démontrent la possibilité technique de mélanger différents déchets industriels utilisés comme matières premières à bas prix pour élaborer le matériau qui servira à construire les routes.

La construction de routes carrossables est un besoin vital pour l’activité économique.
Depuis l’antique voie romaine dont la méthode de construction a permis une longévité remarquable, les procédés de construction des voies de communication se sont multipliés en fonction des contraintes et des matières disponibles. Techniquement un soubassement stable en cailloux de petite taille est en général nécessaire, surmonté par un revêtement plus résistant au passage des véhicules. Les cailloux assurent une transmission des vibrations vers le sol afin d’éviter un tassement à certains endroits qui conduirait à la fracture du revêtement de surface qui, lui, est plus rigide. La gestion de l’écoulement des eaux est aussi un paramètre important à prendre en compte pour éviter les affaissements ou les inondations de la chaussée. C’est donc une entreprise très technique qui fait appel à des matériaux bien calibrés au niveau des caractéristiques physiques et chimiques.

Avec l’ère de la pétrochimie les asphaltes et enrobés se sont généralisés.
Ils sont constitués en général de couches de graviers de différents calibres, associées par un liant de type goudron où équivalent. Les graviers sont en général extraits à proximité des chantiers car leur transport est assez coûteux du fait de leur poids. Les goudrons sont très souvent d’origine pétrochimique, même si des essais avec des polymères gras d’origine végétale ont été réalisés avec succès. Comme le liant constitue la partie avec la plus forte valeur ajoutée, son coût de transport pose moins de problème. Le nivellement et la stabilisation de la structure routière sont très importants au regard de sa longévité. En particulier si les routes sont utilisées par des véhicules très lourds comme des camions.

Une production forestière durable a déjà son aménagement routier.
En effet, pour effectuer les plantations sur des terrains préparés à recevoir les jeunes arbres, il est nécessaire d’avoir déjà mis en place une structure de routes d’accès empierrées ou goudronnées selon les usages nécessaires. Le cas présenté dans cet article, où la nécessité de construire de nouvelles routes forestières est présentée, indique que l’on est dans la situation d’une exploitation de ressources sauvages. Celle-ci peut toutefois s’avérer durable si une politique de plantation est mise en place afin de compenser les prélèvements. Le contexte de l’étude présentée ici semble être dans le sens d’une plus grande exploitation de ressources forestières sauvages. Il n’est donc pas illogique, dans ce contexte, que les acteurs envisagent d’utiliser des déchets industriels comme source de matières premières. L’objectif est clairement le développement économique et le profit de l’exploitation forestière sans considération pour les impacts environnementaux.

Des cendres d’incinérateur et des déchets plastiques permettent d’élaborer un nouveau revêtement routier.
Il s’agit d’utiliser du polyéthylène haute densité qui résulte de la récupération des déchets plastiques ménagers ne pouvant pas entrer dans des procédés de recyclage. Après broyage en fines particules et chauffage, ces débris plastiques forment le liant qui remplace le goudron. La partie minérale du revêtement est apportée par les cendres d’incinérateur. Dans les deux cas, ces matériaux sont considérés comme polluants. En effet, les déchets plastiques non recyclables contiennent de nombreux composés chimiques, additifs, colorants, retardateurs de flamme … qui sont des polluants persistants dans l’environnement. Ils seront libérés progressivement sous l’action de l’eau et de l’érosion. De même, les cendres d’incinérateur sont connues pour contenir des quantités importantes de métaux lourds. C’est pourquoi elles sont considérées comme des déchets ultimes et sont donc difficiles à utiliser dans d’autres applications. Elles finissent souvent dans des ciments ou comme ici dans des agents de charge pour des matériaux.

Une pollution chimique volontaire pour augmenter les profits.
C’est le bilan que présente cette étude scientifique sans pour autant en parler. En effet, les caractéristiques du nouveau matériau développé sont techniquement acceptables pour la construction de routes mais les impacts environnementaux ne sont pas abordés. L’usage intensif de ces routes forestières par des camion chargés de bois va provoquer une usure rapide qui va libérer les poussières de microparticules de plastique et de cendres dans l’environnement, favorisant la diffusion des polluants chimiques et des microplastiques. Les pluies et le ruissellement se chargeront de transporter ces pollutions vers les rivières et finalement vers l’océan. Les auteurs présentent cette avancée technique comme ayant un effet très positif sur la profitabilité de la construction des routes forestières. Une conclusion similaire avait été avancée dans l’utilisation de bombes atomiques en génie civil après son essai pour le creusement d’un lac artificiel non loin de la zone de cette étude. Le lecteur pourra se faire sa propre opinion sur cette approche que l’on a quand même du mal à considérer comme scientifique ou disons une science sans conscience du respect de l’environnement.

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