Microplastiques et épuration des eaux.

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Date de publication 06 avril 2020

Auteurs Akarsu, Ceyhun; Kumbur, Halil; Gökdağ, Kerem; Kıdeyş, Ahmet E.; Sanchez-Vidal, Anna.

Sources Microplastics composition and load from three wastewater treatment plants discharging into Mersin Bay, north eastern Mediterranean Sea (2020). Marine pollution bulletin : 150, 110776.

DOILink https://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2019.110776

Résumé

Résumé :

De grandes quantités de microplastiques se déversent chaque jour dans le réseau des eaux usées et aboutissent dans les stations d’épuration (STEP). Quel est leur devenir dans le processus d’épuration ?

Les auteurs de cette étude montrent que les STEP sont à l’origine d’une partie significative de la pollution par microplastiques des eaux côtières méditerranéennes. Les eaux usées et les effluents de trois STEP, situées dans la baie de Mersin en Turquie, ont été suivis mensuellement pendant un an, en 2017. Les résultats ont montré que les types de microplastiques les plus fréquents étaient des fibres (70% du total), que des variations annuelles sont observables et que les eaux-usées contenaient 2,5 fois plus de microplastiques que les effluents. La teneur moyenne estimée en microparticules de plastiques était de 0.9 / litre, ce qui représente environ 180 millions de particules rejetés quotidiennement dans la baie.

Cette étude montre l’importance de la charge en microplastiques dans les eaux usées, la capacité des STEP à capter une partie de ces particules, entre 55 et 97%, mais l’incapacité à les éliminer complètement des rejets d’eau après traitement. Le devenir des effluents solides des STEP n’est pas pris en compte, mais leur utilisation en épandage des terres agricoles soulève aussi des questions sur la gestion globale des ces microplastiques.

Avis The SeaCleaners :

On oublie souvent que les stations d’épuration des eaux usées (STEP) sont conçues pour deux fonctions principales : diminuer la matière en suspension et réduire la quantité de carbone organique. Le principe est d’aérer les eaux usées et de favoriser la dégradation microbienne des matières organiques. Un système de floculation va ensuite permettre de séparer les matières en suspension et les bactéries insolubles de l’eau traitée. Pour d’autres opérations telles que la réduction de la charge azotée, des polluants organiques ou minéraux, peu d’installations les prennent en compte. Parfois, un traitement dit tertiaire va réduire la charge en azote ou cibler certaines molécules, mais ils ne sont pas systématiques.

Une STEP va donc produire principalement des effluents liquides et solides. L’abondance des microplastiques dans les eaux usées a été mise en évidence par plusieurs études. Il s’agit essentiellement de fibres qui proviennent des textiles en fibres synthétiques et de leur lavage. Elles sont en polymères riches en carbone organique, mais très résistants à la dégradation bactérienne. Lorsqu’elles arrivent dans la STEP, leur quantité ne va pas diminuer avec le temps, elles vont simplement se répartir entre les effluents liquides et solides. Selon les types et les compositions des microplastiques, elles seront plus présentes dans les solides ou les liquides, mais dans les deux cas, elles continueront leur vie dans l’environnement. En effet, les effluents liquides vont se déverser dans les fleuves et dans la mer tandis que les effluents solides vont être épandus sur les terres agricoles et donc se disséminer vers les fleuves et vers la mer à la faveur du ruissellement.

L’article étudié montre bien l’incapacité des STEP à gérer la pollution des microplastiques en l’état actuel des technologies installées. Les entreprises ont donc une belle opportunité de travailler en adoptant une approche d’économie circulaire. Elles peuvent envisager des changements en amont sur les types de fibres, les méthodes de tissage, les méthodes de lavage ou la filtration des eaux de lavage. Elles peuvent aussi considérer l’aval en travaillant les technologies visant à collecter ces fibres synthétiques au niveau des STEP.

Sans oublier le consommateur qui, bien informé, peut aussi faire des choix éclairés pour ses textiles et leur usage. En particulier, comme nous l’avions indiqué dans le SeaView n°1 (2 avril 2020), en réduisant l’hyperconsommation actuellement en place dans l’industrie de la mode.

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