Quelle route vers l’économie circulaire pour réduire la pollution plastique?

SV4
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Date de publication 27 avril 2020

Auteurs Black, Jeffrey E.; Kopke, Kathrin; O’Mahony, Cathal.

Sources Towards a Circular Economy: Using Stakeholder Subjectivity to Identify Priorities, Consensus, and Conflict in the Irish EPS/XPS Market (2019). Sustainability : 11 (DocId: 23) 6834. 

DOILink https://doi.org/10.3390/su11236834

Résumé

Résumé :

Dans les mers européennes, les déchets plastiques provenant des activités de pêche, du transport fluvial et maritime et de la mauvaise gestion des déchets sont l’une des menaces qui pèsent le plus rapidement sur la santé du milieu marin. Le polystyrène extrudé (XPS) et le polystyrène expensé (EPS), en particulier, sont devenus quelques-uns des types de déchets marins les plus fréquemment trouvés autour des côtes européennes.

Pour lutter contre ce problème, la Commission européenne a ratifié une série de règlements et de politiques, y compris la directive sur les produits à usage unique et le Plan d’action de l’UE pour l’économie circulaire. Toutefois, afin de s’assurer que les avantages de ces règlements et politiques sont réalisés à une échelle qui peut répondre adéquatement à l’ampleur du problème, les décideurs devront intégrer les opinions, les valeurs et les priorités des parties prenantes concernées qui opèrent dans l’ensemble du cycle de vie du produit EPS/XPS. Dans cette étude, est appliquée une méthodologie pour identifier les priorités des parties prenantes en ce qui concerne le marché irlandais du EPS/XPS et la transition sociétale plus large vers une économie circulaire.

D’après les réponses de dix-neuf personnes représentant l’industrie, les décideurs et les dirigeants communautaires, trois points de vue distincts ont été identifiés : la refonte du système; la mise à niveau incrémentielle; et l’innovation du marché. Les résultats démontrent que le type et le format des interventions politiques liées à l’économie circulaire EPS/XPS de l’Irlande sont fortement contestés, ce qui présente des défis importants pour faire avancer le débat.

Ces résultats fournissent des informations précieuses sur les points de vue qui peuvent être utilisées par différentes parties prenantes aux niveaux national et communautaire, ce qui devrait favoriser en fin de compte l’élaboration de politiques co-développées plus efficaces et largement soutenues.

Avis The SeaCleaners :

Les discussions sur le potentiel de l’économie circulaire sont nombreuses et les fondements de celle-ci sont en mutation quasi permanente selon l’application que l’on souhaite en faire. L’Union européenne commence à dessiner un cadre un peu plus structuré et officiel autour de ce concept et le place dans ses priorités pour une évolution économique à moyen et long terme. La meilleure façon de dérouler l’économie circulaire est de l’appliquer à un cas concret.

Les auteurs présentent ici une étude sur la pollution de l’environnement en Irlande par le polystyrène expansé ou extrudé. C’est un matériau très utilisé en isolation, emballage et vaisselle à usage unique, car il est peu coûteux et très léger à transporter. Pour résoudre cette pollution, la réflexion sur l’économie circulaire permet de considérer tous les acteurs de la chaine de valeur : producteurs, transformateurs, consommateurs, décideurs politiques ainsi que l’opinion de la société civile. La présentation du problème et les scénarii possibles leur ont été décrits en restant focalisé sur la pollution par le polystyrène. La refonte du système économique représentait l’un des scénarii. Pour les participants à l’enquête de cette étude, le changement sociétal n’est pas du ressort d’un seul secteur économique.

La transition vers l’économie circulaire est un vrai challenge qui sera d’autant plus difficile que le système économique actuel, plus ou moins amendé, perdure avec sa production de capital et sa distribution inégale des richesses générées. Les impacts à long terme de cette approche sont perceptibles au niveau humain et environnemental, mais le modèle économique reste un défi. Les industriels sont très préoccupés par la faisabilité et la viabilité de ce nouveau système à une échelle globale, y compris sur la période de transition plus ou moins longue vers ce système. C’est pourquoi ces derniers préfèrent le scénario qui propose une évolution graduelle des pratiques actuelles vers un plus grand respect de l’environnement et à très long terme vers une économie circulaire qui sera basée essentiellement sur le recyclage de la matière, sans prendre en compte l’aspect sociétal.

Dans ce scénario, l’action se focalise massivement sur le consommateur qui aura la charge de consommer juste et de bien trier les déchets à recycler. Gageons que dans cette perspective, les surcoûts de ces nouvelles pratiques seraient aussi à la charge du consommateur. Parmi les acteurs mobilisés dans cette étude, il apparait clairement des conflits sur les perspectives d’évolution pour réduire la pollution plastique marine par une transition vers l’économie circulaire. Toutefois des zones de consensus ont été observées dans cette étude : 1) avoir un matériau conçu pour être totalement recyclable, 2) une priorité fixée aux industriels pour la gestion de leurs déchets, 3) une éducation des consommateurs sur la pollution plastique. Elles pourraient servir de base au développement d’une gouvernance avec des mesures applicables et effectives en transition vers l’économie circulaire.

Ce genre d’étude initiée en Irlande pourrait être utilement reproduite dans différents pays.

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