Le MOBULA 8 au service de la science

Déployé en Indonésie depuis mars 2023, le MOBULA 8, notre bateau de dépollution pour les eaux intérieures et côtières, a plus d’une corde à son arc ! En plus de sa mission de nettoyage des déchets aquatiques flottants, il va aussi servir la connaissance scientifique sur la pollution plastique, grâce à deux partenariats avec l’entreprise CLS et l’université d’Udayana (Bali).

De gauche à droite : Gwenaële COAT (responsable scientifique TSC), Jean Baptiste VOISIN (directeur CLS Indonésie), Yvan BOURGNON (Président TSC), Gede Hendrawan (University of Udayana), Antoine ICHE (ingénieur développement TSC).

Dans le cadre de l’initiative Marine Litter financée par l’AFD (Agence Française de Développement), et démarrée en 2019, 32 bouées dérivantes doivent être déployées dans les eaux indonésiennes avant mi-2023 pour étudier et comprendre les phénomènes d’accumulation des débris marins 

C’est dans ce contexte que s’inscrit la première mission scientifique de The SeaCleaners et du MOBULA 8. Pour compléter ses études sur la compréhension de l’accumulation des débris marins menées en collaboration avec l’IRD (Institut de Recherche et Développement), notre partenaire CLS (Collecte Localisation Satellite) a offert à un autre de nos partenaires, Universitas Udayana (UNUD), 10 bouées dérivantes.  

Ce projet ambitionne de recueillir un nouvel ensemble d’observations in situ, et de souligner davantage, s’il en était encore besoin, l’urgence de lutter contre les déchets plastiques marins en Indonésie. 

« Ces études sur la compréhension de la dérive des plastiques en Indonésie ont deux composantes principales », explique Marc Lucas, océanographe chez CLS et responsable du programme lié à la dépollution des plastiques en mer : « une partie in situ pour essayer de comprendre la circulation dans la zone d’intérêt en déployant des bouées munies d’un GPS et d’un modem Argos qui permet de récupérer la position, et une partie modélisation : c’est le vent et les courants qui font déplacer les plastiques rejetés à la mer ; comme on ne peut pas suivre tous les plastiques individuellement on utilise des modèles numériques* de particules pour essayer de représenter leur mouvement. Les particules, tout comme nos bouées subissent les effets du vent et du courant, on voit où est-ce qu’elles vont, s’accumulent, combien de temps elles restent dans certains endroits, qu’est-ce qui fait qu’elles se remobilisent et repartent ailleurs… c’est ça la modélisation. Avec l’information fournie par les modèles et les bouées, on arrive donc à avoir une vision holistique de ce qui arrive au plastique. » 

Selon les saisons, les déchets vont aller à des endroits différents : « Avec le cycle des moussons en Indonésie, il y a des inversions de courants et de vents », poursuit Marc : « On a ainsi mis en exergue que différentes zones étaient impactées par les déchets, suivant la saison. A une certaine saison ils vont plutôt aller vers la mer de Timor, à l’est, à une autre vers l’océan Indien : on a une balise lâchée depuis une rivière de Java qui est allée jusqu’à Madagascar ! En 6 mois elle a parcouru près de 7 500 km, illustration claire et visible que la pollution plastique n’est pas un problème local mais bien global. »  

L’UNUD et The SeaCleaners vont déployer ensemble 10 bouées, dans des embouchures et des rivières de Bali. L’une dans la rivière Ijo Gading sur la côte ouest, et l’autre dans la rivière Ayung, sur la côte sud-est. Les chercheurs de l’Université Udayana ont donc pour projet d’évaluer notamment la vitesse à laquelle les déchets sont susceptibles d’atteindre la mer et où ils se dirigent ensuite. 

Ces bouées soutiendront l’UNUD et The SeaCleaners dans leurs efforts pour lutter contre la pollution plastique marine en fournissant de précieuses informations. En effet, savoir où et pourquoi les débris marins s’accumulent dans certaines zones est fondamental pour accroître et optimiser l’efficacité des navires et des campagnes de collecte de déchets.  

Par ailleurs, 15 jours par mois, des élèves d’UNUD embarqueront sur le MOBULA 8 afin de procéder à une caractérisation détaillée des macroplastiques collectés sur des zones précises. 

Gwenaële Coat, responsable scientifique de The SeaCleaners, se réjouit de cette coopération : « Lutter efficacement contre la pollution plastique implique d’avoir une action curative, une action préventive et aussi une approche de compréhension scientifique en profondeur des phénomènes qui concourent à alimenter la pollution plastique des milieux aquatiques. Le MOBULA 8 regroupe ces 3 dimensions et nous sommes très heureux que son déploiement s’inscrive dans des programmes de recherche aussi importants que ceux de CLS et de l’université locale d’Udayana. Des collaborations telles que celles-ci, avec des acteurs locaux, contribuent à une meilleure compréhension des systèmes et sont essentielles ». 

 

* Représentation d’un objet ou d’un phénomène dans un format numérique.

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