The SeaCleaners Swiss affiche ses ambitions !

Pas toujours évident de sensibiliser à la protection des écosystèmes marins dans un pays qui n'a pas de littoral ! Pourtant, TSC Swiss, qui existe depuis 3 ans, n'a jamais été aussi déterminé et optimiste pour faire entendre la voix des océans en territoire helvétique. Benoit de Torcy, directeur général de The SeaCleaners Swiss, dévoile la stratégie de l'association.

Benoit de Torcy nous en dit plus

TSC Swiss, c’est qui, c’est quoi, c’est où ? 

The SeaCleaners Swiss est une organisation reconnue d’utilité publique et enregistrée au registre du commerce depuis 2020. C’est une équipe composée de 6 personnes, accompagnée par une vingtaine de bénévoles, principalement en Suisse Romande. Cette team soudée travaille quotidiennement pour lutter contre la pollution plastique dans les océans. 

Nous avons 2 missions, à la fois complémentaires et distinctes, avec une volonté commune qui est d’avertir sur les problématiques plastiques et de rallier un maximum de personnes autour de notre cause. 

Notre activité première est de contribuer au financement de nos bateaux de dépollution (le Manta et la flotte des Mobula). En ralliant entreprises et grande philanthropie sous un projet commun, nous voulons montrer que la Suisse, dont la réputation caritative n’est plus à démontrer, contribue aussi de manière importante au respect de nos océans. 

Nous menons aussi beaucoup d’actions de sensibilisation et d’éducation sous différentes formes : sensibilisation au sein des écoles, universités et entreprises, organisations de cleanup, participations à des événements nationaux d’envergure comme le Paléo, Alternatiba…

Nous sommes répartis entre Suisse romande et la Suisse alémanique : Genève pour être au cœur des organisations internationales, ONG et autres fondations et ainsi naviguer dans cet écosystème extrêmement riche qu’on appelle la « Genève internationale » ; Lausanne pour être le plus central possible dans la Suisse Romande et Berne, notre capitale, pour être au plus près des décideurs politiques mais également pour avoir un rayon d’action important sur la Suisse alémanique. 

 

Comment TSC Swiss agit contre la pollution plastique ? 

Bien que nous agissions de manière concrète depuis notre création en Suisse, à travers l’organisation ou la participation à des manifestations, nous avons décidé, pour 2023, de mettre un accent plus important sur les aspects d’éducation et de sensibilisation autour de ces problématiques de pollution plastique. 

Nous insistons particulièrement pour expliquer que, même dans un pays enclavé comme la Suisse, sans accès direct à la mer, chacun peut et doit se sentir concerné par le sort des océans. Chacun a une responsabilité et un rôle à jouer pour qu’il se porte mieux. De la bonne santé des océans dépend la santé de notre planète, notre bien-être à tous et notre qualité de vie, même à des centaines de kilomètres… Et nous pouvons tout agir concrètement, dans notre quotidien, pour le protéger. Dans un pays amoureux de ses montagnes et de ses lacs, avec une très forte sensibilité à la préservation de la pureté du patrimoine environnemental, ce sont des messages qui frappent les esprits.

Nous sommes de plus en plus sollicités par tout l’écosystème de l’éducation (primaire, secondaire et hautes écoles) pour venir présenter nos actions, organiser des présentations autour de la pollution plastique et sensibiliser à travers nos différents outils pédagogiques. 

Nous organisons aussi des cleanup et participons à différents événements nationaux en promouvant nos différentes actions sur nos stands. 

 

Qu’est ce qui t’a motivé à rejoindre le combat contre la pollution plastique ? 

Naviguer est une passion extrêmement présente dans ma vie quotidienne. J’ai toujours été peiné et frappé de constater une grosse pollution plastique en mer à proximité des côtes, dû majoritairement au « littering », donc provoquée par l’être humain de manière plus ou moins volontaire. 

Lors de ma dernière traversée de l’Atlantique, ce constat s’est appliqué au milieu même de l’océan, et cela m’a encore plus marqué. Ce phénomène grandissant sur l’ensemble des plans d’eaux de notre planète, (je le vois également en naviguant sur le Léman), il m’a paru inévitable de m’engager de façon plus concrète pour la défense de nos océans. Rejoindre The SeaCleaners, dont je suivais les différents projets depuis plusieurs années, s’est alors imposé à moi, parmi tous les programmes qui se développent au profit de la même cause. 

 

Quelles sont les grandes actions menées par TSC Swiss en 2023 ? 

Au-delà du sujet quotidien de levée de fonds, nous avons une présence terrain depuis 3 ans qui ne cesse de s’accroitre. Aujourd’hui notre groupe de bénévoles s’agrandit et nous permet d’avoir un rayon d’action plus important sur la Suisse Romande. De plus, nous voyons un intérêt grandissant pour notre projet, de la part des entreprises et des acteurs universitaires qui nous contactent pour organiser des événements conjoints ou pour que nous intervenions au sein de leurs différentes structures. 

A l’instar de ce que nous avons réalisé ces dernières années, nous allons continuer nos actions de sensibilisation en étant présent au Paléo Festival, au Festival Alternatiba (GE), en organisant pour la 4ème fois un week-end de sensibilisation à Versoix lors du World Clean-Up Day, en septembre et encore d’autres actions au sein des écoles et entreprises. 

Nous développons un partenariat avec l’équipe de Swiss Solar Boat de l’EPFL pour organiser un événement commun pour l’inauguration de leur bateau à énergie renouvelable, nous aimerions être présents également à Festi’Neuch ainsi qu’au salon nautique de Genève en fin d’année. 

En plus de ces actions qui ont un rayonnement très important, nous continuons nos interventions dans les écoles/universités/entreprises pour expliquer, sensibiliser et éduquer sur la problématique du plastique et du plastique dans les océans, qui nous concerne quotidiennement ! 

Nous organisons également des cleanup (comme récemment avec l’AIESEC et l’UniL lors de leur semaine de la durabilité) et essayons de diversifier nos interventions (comme avec le Ge-Servette à Genève lors de leur dernier match en play-off) .

 

Quelle est la stratégie de The SeaCleaners Swiss ? 

Comme nous le rappelle le conseil fédéral dans son rapport du 23 septembre 2022 sur les « Matières plastiques dans l’environnement », malgré les efforts de collecte et de recyclage, nous rejetons dans l’environnement chaque année en Suisse environ 14 000 tonnes de macro-plastiques (+ de 5mm) et de microplastiques (- de 5mm). Dans un pays qui se targue de civisme et de propreté, ce chiffre est effarant !

“Nous avons donc pour objectif de continuer à lutter contre cette pollution plastique, en réunissant l’ensemble des différents acteurs en Suisse (entreprises, mécènes et grand public) autour de notre cause pour les convaincre de s’investir pour notre projet phare qu’est la construction du Manta mais aussi de nos Mobula.”

Dans une autre mesure, nous souhaitons continuer à renforcer notre présence terrain en multipliant nos actions (cleanup, sensibilisation, éducation) et en ayant une équipe de bénévoles qui continue de s’agrandir en devenant pro-active et autonome, sur l’ensemble du pays. 

 

Pourquoi la pollution plastique est un sujet important ici en Suisse ? 

Bien que cela puisse paraitre paradoxal car nous n’avons pas de frontières directes avec les mers et océans, la Suisse a un impact direct sur la pollution des mers et océans. De par sa consommation de produits en plastique élevée en comparaison des autres pays, la Suisse contribue de manière notable à ce problème environnemental croissant au niveau mondial. Selon les estimations, près de 20 tonnes de microplastiques provenant de la Suisse parviennent chaque année dans les océans par les fleuves. 

En Suisse, toutes les matières plastiques doivent faire l’objet d’une valorisation matière ou thermique à l’issue de leur cycle de vie. La mise en décharge est interdite. À l’heure actuelle, plus de 80 % des déchets plastiques en Suisse sont valorisés thermiquement, et près de 10 % sont recyclés. Quasiment 6 % des déchets plastiques sont exportés pour être recyclés et réutilisés, presque exclusivement vers des pays de l’Union européenne (UE). 

Le sujet est aussi important ici car, par son histoire, ses traditions, la présence de toutes les grandes institutions internationales, la Suisse se situe à l’avant-garde de l’aide au développement mondial. Or, on le sait, la pollution plastique océanique, est surtout un fléau dans les pays moins développés où les infrastructures de gestion des déchets sont insuffisantes. C’est un sujet de solidarité internationale et sur ce terrain, la Suisse a toujours répondu présente.

 

Comment s’engager contre la pollution plastique des Océans quand on est Suisse ? 

C’est assez simple ! Le premier moyen d’action, le plus simple, c’est le don en ligne. Chaque contribution compte pour nous aider à réaliser nos missions ! Ensuite, il est possible de nous soutenir en rejoignant notre équipe de bénévoles, via notre site internet. Nous avons une équipe vraiment motivée, proactive, qui ne demande qu’à s’agrandir ! Cela ne prend pas beaucoup de temps dans l’année et nos événements sont plutôt très sympas !

Rejoignez The SeaCleaners Swiss 💪

Si les personnes motivées n’osent pas nous rejoindre par manque de temps, il est tout à fait possible de s’engager contre la pollution plastique en modifiant ses comportements et ses habitudes de consommation.

En regardant attentivement les principales sources de pollution plastique sur notre territoire, nous nous rendons compte qu’il y a 2 grandes sources de problèmes créées par tout un chacun quotidiennement (que j’oppose ici aux entreprises). 

  • Emissions générées pendant une phase d’utilisation , comme l’abrasion des pneus qui génère 13 500 tonnes de déchets par an (60% de caoutchouc, 30% de suie utilisée comme matière de remplissage et 10% de substances inorganiques (métaux lourds tels que le zinc)) *
  • Emissions générées par l’élimination non appropriée, ce qu’on appelle le littering, avec 18 500 tonnes par an. Du fait d’une élimination inappropriée, une quantité importante de matières plastiques arrive avec les déchets verts des ménages ou avec les déchets biodégradables des secteurs industriel et artisanal dans les installations de compostage et de méthanisation. Ce sont le plus souvent des produits à usage unique utilisés dans la restauration, des mégots de cigarettes et leurs filtres (qui libèrent 4000 substances chimiques dans l’environnement), des cotons-tiges et d’autres produits d’hygiène jetés de manière inappropriée dans les toilettes, ainsi que les restes d’emballages dans les déchets verts collectés (compost + digestat).

Nos comportements ont donc un impact direct sur la prolifération de la pollution plastique dans notre pays. Sans vouloir être polémique, il nous est alors facile de modifier nos comportements, tout en sachant que les solutions alternatives ne sont pas si contraignantes : 

  • Abrasion des pneus : nous avons la chance d’avoir un réseau de trains extrêmement développé et d’une très grande qualité (trains ponctuels, très grande propreté, confort des installations …). Il est très facile de voyager rapidement en Suisse, d’autant plus qu’à l’approche des grandes agglomérations, le trafic routier est souvent engorgé. Et puis qui ne s’est jamais retrouvé, en regardant par la fenêtre lors de son voyage, à rêver au rythme de la beauté de nos lacs et montagnes. Je pense qu’il y a pire comme environnement, alors autant en profiter sans être concentré au volant ! 
  • Littering : Même si nous sommes biberonnés au tri dans nos logements et espaces publics, je pense qu’il y a un effort permanent à faire quant à la bonne utilisation spécifique de nos différentes poubelles. C’est une question de bon sens et d’éducation et si certaines personnes ne réalisent pas l’impact à grande échelle que peuvent avoir leurs petites actions quotidiennes, c’est avec grand plaisir que nous les invitons à nos différentes actions de sensibilisation ! 
  • Déchets verts : 
    • Pour ce qui est des ménages, l’apport de matières plastiques résulte d’erreurs liées notamment à un manque de connaissances sur l’élimination correcte des déchets, de raisons de commodité (par exemple, le fait de jeter les denrées alimentaires périmées en les laissant dans leur emballage) ou d’une volonté d’éviter les coûts de l’élimination. 
    • Pour ce qui est des secteurs industriel et artisanal, l’apport de matières plastiques découle principalement des déchets alimentaires emballés. Les invendus sont en effet souvent éliminés, avec leur emballage, dans les déchets verts. À cela s’ajoutent les étiquettes autocollantes sur les fruits et les légumes (par exemple les autocollants de labels), qui contiennent également des matières plastiques. 

Des séances de sensibilisation et de formation peuvent être une solution simple mais radicale pour faire prendre conscience de l’importance du tri de nos déchets verts.

 

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*Toutes les données chiffrées dans cet article sont tirées du rapport « Matières plastiques dans l’environnement » du Conseil Fédéral du 23 septembre 2022

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